The Japan Times - A la Nouvelle-Orléans, le deuil sur des airs de jazz après l'attaque du Nouvel An

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A la Nouvelle-Orléans, le deuil sur des airs de jazz après l'attaque du Nouvel An
A la Nouvelle-Orléans, le deuil sur des airs de jazz après l'attaque du Nouvel An / Photo: ANDREW CABALLERO-REYNOLDS - AFP

A la Nouvelle-Orléans, le deuil sur des airs de jazz après l'attaque du Nouvel An

Les musiciens de jazz jouent dans la rue et les serveurs de restaurant achalandent les passants, mais Samantha Petry, qui travaille elle-même dans un bar, n'est "pas ravie" de voir la fête reprendre si vite à la Nouvelle-Orléans, au lendemain d'une attaque meurtrière.

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Connu pour sa vie nocturne, l'historique quartier français, ou "French Quarter", grouille à nouveau de fanfares, de touristes curieux et de clients se rendant dans des restaurants, clubs de jazz et autres bars de strip-tease. Mais, cette fois, la fête est aussi placée sous le signe de l'hommage aux 14 morts et à la trentaine de blessés après qu'un pick-up a foncé sur la foule du Nouvel An à Bourbon Street.

A l'entrée de cette rue toujours bondée, 14 roses jaunes ont été placées le long d'un mur où un vieil homme prie agenouillé. Des croix ont été érigées à proximité en guise de mémorial improvisé.

Essuyant ses larmes, Samantha Petry est venue déposer un bouquet de fleurs. Employée d'un bar karaoké, la jeune femme de 38 ans, originaire de Californie, aurait préféré avoir plus de temps pour pleurer les morts.

"Tout ça pour l'argent", commente-t-elle à l'AFP. "Mais en même temps, j'ai un boulot et il faut bien que j'y aille", surtout en cette saison touristique pour la Nouvelle-Orléans, l'une des plus importantes avec celle du fameux Mardi Gras.

"Mais comment est-ce que je vais pouvoir me sentir en sécurité pour travailler ici ?", s'interroge-t-elle.

Autour d'elle, presque rien ne rappelle que Bourbon Street vient de subir un carnage, sinon la forte présence policière. Plus tôt jeudi, les équipes de nettoyage ont commencé à effacer toute trace de l'attaque meurtrière du Nouvel An.

- "Comme une journée complètement normale" -

Le véhicule-bélier qui a foncé dans la nuit de mardi à mercredi sur la foule a été retiré. Le suspect Shamsud-Din Jabbar, un ancien militaire américain, a été tué dans des échanges de tirs avec la police. Il avait affirmé avoir rejoint le groupe jihadiste Etat islamique, selon le FBI.

Pour le président Joe Biden, le retour à la normale au "French Quarter" montre "l'esprit formidable" de la Nouvelle-Orléans. "On ne peut pas le défaire. Vraiment pas. Et nous le voyons aujourd'hui", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.

Et cet état d'esprit semble ravir les touristes. "Nous n'allons pas laisser la terreur gâcher notre week-end. On a planifié ce voyage depuis longtemps", lance Ingrid Dolvin, une étudiante d'une vingtaine d'années.

"Hier, la tension faisait un peu peur, mais aujourd'hui, on a l'impression que c'est comme une journée complètement normale à Bourbon Street", raconte-t-elle à l'AFP, tenant à la main une boisson glacée.

Si elle "pense bien sûr à toutes les victimes et à leurs familles", Ingrid Dolvin affirme se sentir en sécurité grâce à l'important dispositif policier déployé par les autorités locales et fédérales.

- "Meilleure chose à faire" -

Natif de la Nouvelle-Orléans, David Tripp partage ce sentiment. Pour l'activité économique de la ville, "c'était la meilleure chose à faire", dit cet homme de 62 ans qui travaille dans le magasin Harley Davidson de Bourbon Street et a notamment vécu l'ouragan Katrina de 2005. "Nous ne pouvons pas laisser quoi que ce soit nous abattre", continue-t-il. "Nous sommes comme ça".

Au-delà des touristes, la ville attire aussi les supporteurs de football américain venus pour le Sugar Bowl. Ce rendez-vous sportif universitaire rassemble quelque 85.000 fans chaque année. Le match qui devait avoir lieu le 1er janvier a été reporté de 24 heures.

Autour du stade Caesars Superdome, la forte présence policière rappelle là aussi le drame du Nouvel An. Et le coeur n'y est pas forcément.

"C'est un peu comme si tout le monde avait peur d'être trop excité à cause de ce qui s'est passé", raconte à l'AFP Darleesia White, une fidèle du Sugar Bowl depuis 2018.

Sur le point de passer la sécurité, cette institutrice de 36 ans, originaire de Memphis, dit ne pas être inquiète, même si "l'ambiance est un peu morte cette année".

Y.Kato--JT