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Le procès de l'ancien patron du football espagnol Luis Rubiales, jugé pour un baiser imposé devant le monde entier à l'internationale Jenni Hermoso en 2023 et les pressions exercées sur elle pour étouffer le scandale, s'est ouvert lundi matin près de Madrid.
L'audience a débuté peu avant 10H15 (09H15 GMT) devant le tribunal de l'Audience nationale à San Fernando de Henares, près de Madrid, avec l'examen de questions préliminaires.
L'ancien homme fort du football espagnol est arrivé au tribunal vers 09H15 (08H15 GMT), quelques minutes avant la footballeuse, qui évolue aujourd'hui au Mexique et doit être la première à témoigner lundi.
Jenni Hermoso est devenue un symbole de la lutte contre le sexisme dans le sport après le scandale, qui avait éclaté dans la foulée du sacre des footballeuses espagnoles lors du Mondial en Australie.
"Merci encore, Jenni, pour ton courage. (...) Aujourd'hui, plus que jamais, nous sommes avec toi. Plus jamais de baiser non consenti, plus jamais d'agression sexuelle", a réagi sur X la ministre espagnole de l'Egalité Ana Redondo peu avant le début de l'audience.
Luis Rubiales, 47 ans, qui était au moment des faits président de la Fédération espagnole de football (RFEF), comparaît pour agression sexuelle et coercition.
Le parquet, qui présente en Espagne ses conclusions avant le procès, réclame une peine de deux ans et demi de prison à son encontre, un an pour agression sexuelle et un an et demi pour les pressions exercées sur la joueuse.
Selon l'acte d'accusation, le baiser sur la bouche imposé à la joueuse par Luis Rubiales a été effectué "par surprise et sans le consentement ni l'acceptation de la joueuse".
A partir de ce moment, "des pressions constantes et répétées ont été exercées directement sur la joueuse Jennifer Hermoso Fuentes et par l'intermédiaire de sa famille et de ses amis dans le but (de l'amener à) justifier et approuver publiquement le baiser que Luis Rubiales lui avait donné contre sa volonté", affirme encore l'accusation.
De nombreuses coéquipières de Jenni Hermoso, dont la double Ballon d'Or Alexia Putellas, des dirigeants de la RFEF, ainsi que les sélectionneurs des équipes d'Espagne féminine et masculine, seront appelés à la barre pour témoigner.
L'ex-grand patron du foot espagnol, qui a longtemps présenté ce baiser comme un geste consenti et a nié toute coercition, sera entendu à partir du 12 février.
- "C'est terminé!" -
Aux côtes de Luis Rubiales se trouvent sur le banc des accusés l'ex-sélectionneur de la "Roja" féminine, Jorge Vilda, et deux anciens responsables de la RFEF, Rubén Rivera et Albert Luque, contre qui le parquet a requis un an et demi de prison pour avoir exercé des pressions sur la joueuse afin d'étouffer l'affaire.
Le scandale avait éclaté le 20 août 2023 à Sydney, en Australie, lors de la cérémonie de remise des médailles aux joueuses de la "Roja" qui venaient de remporter la finale de la Coupe du monde de football face à l'Angleterre.
Devant les caméras du monde entier, Luis Rubiales avait saisi la tête de Jennifer Hermoso avec les deux mains et l'avait embrassé brusquement sur les lèvres, avant de la laisser repartir en lui donnant deux tapes dans le dos.
Très vite, ce geste avait déclenché des réactions outrées, le patron du football espagnol se défendant en évoquant "un bisou de célébration entre deux amis" et en assurant que la joueuse était consentante.
Dans un documentaire Netflix, la meilleure buteuse de l'histoire de la "Roja" confiera ensuite avoir pleuré après ce baiser.
L'affaire s'était transformée immédiatement en un symbole de la lutte contre le sexisme dans le sport et le hashtag #SeAcabó ("C'est terminé!"), lancé par les joueuses de la "Roja", avait fait le tour du monde.
Après s'être d'abord accroché à son poste malgré une suspension de la Fifa (la fédération mondiale du football) pour ce geste et avoir fustigé une manifestation de "faux féminisme" à son encontre, Luis Rubiales avait fini par céder à la pression et démissionné le 10 septembre 2023.
Il est également mis en cause dans un autre dossier, une enquête de corruption dans une affaire de contrats irréguliers lorsqu'il était à la tête de la RFEF entre 2018 et 2023,
H.Nakamura--JT