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Porté par une saison des fêtes fastes et la forte demande pour le cloud, Amazon a quasiment doublé son bénéfice net à 20 milliards de dollars au quatrième trimestre, mais le groupe américain risque d'être rattrapé par un contexte économique moins favorable en ce début d'année.
De ses opérations promotionnelles en octobre à Noël, en passant par Thanksgiving aux Etats-Unis, le géant du commerce en ligne a réalisé 187,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires trimestriel.
C'est sans doute la première fois qu'Amazon dépasse Walmart en termes de revenus trimestriels - la chaîne américaine d'hypermarchés, qui publiera ses résultats le 20 février, devrait afficher 180 milliards de recettes pour la même période, selon les estimations.
Mais le groupe de Seattle prévoit entre 151 et 155.5 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours, bien moins que les 158 milliards escomptés par le marché, à cause de taux de change "exceptionnellement" défavorables.
Son action perdait plus de 4% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
L'annonce très attendue des dépenses en capitaux pour cette année a créé un deuxième choc: Amazon prévoit d'investir plus de 100 milliards de dollars en 2025, principalement dans le cloud et l'intelligence artificielle (IA), d'après des commentaires du patron Andy Jassy pendant une conférence téléphonique.
"Nous devons disposer des centres de données, des équipements informatiques, des puces et du réseau nécessaires avant de pouvoir en tirer des revenus. Et nous ne les achetons que si nous voyons des signes manifestes en termes de demande", a-t-il précisé.
- Remise en question -
Les revenus de sa branche de cloud, AWS, ont cru de 19%, à 28,8 milliards de dollars, pour un bénéfice opérationnel (indicateur clef de la rentabilité) de 10,6 milliards de dollars, soit près de la moitié du total du groupe.
Mais le marché espérait une accélération de la croissance du cloud, alors que la concurrence dans l'IA générative a pris une nouvelle dimension avec l'irruption sur cette scène très américaine de la start-up chinoise DeepSeek.
Aussi performant que ChatGPT (OpenAI) et ses principaux rivaux, son nouveau modèle a été conçu à un bien moindre coût, remettant en question les dépenses faramineuses des grandes entreprises technologiques en puces de pointe et serveurs énergivores.
Les deux groupes les plus avancés dans l'IA générative, Microsoft et Google, ont déçu les analystes la semaine dernière avec des résultats inférieurs aux attentes pour leurs clouds.
"Microsoft a connu un bon trimestre, mais ce n'est pas ce que les investisseurs attendent d'un géant de l'IA qui dépense comme s'il construisait l'étoile de la mort," station spatiale de la taille d'une planète dans les films de la Guerre des Etoiles, a commenté Jeremy Goldman, analyste chez Emarketer.
Google a particulièrement dévissé en Bourse quand il a annoncé 75 milliards de dollars de dépenses en capitaux en 2025, principalement dans l'IA.
Microsoft a de son côté alloué 80 milliards de dollars sur un an pour construire de nouveaux centres de données, considérés nécessaires à la nouvelle génération d'IA.
Amazon, numéro un mondial du cloud, est a priori moins exposé à la concurrence de DeepSeek.
AWS n'a présenté qu'en décembre 2024 ses propres modèles d'IA générative ("Amazon Nova"), deux ans après la sortie de ChatGPT. Et ils ne sont accessibles qu'à ses clients professionnels, des organisations et développeurs, aux côtés d'autres modèles.
- Produits chinois -
Le coeur de métier d'Amazon, sa plateforme de e-commerce, continue de capitaliser sur ses temps de livraisons ultra rapides, mais sa part de marché mondiale stagne à un peu plus de 12% depuis des années, selon Emarketer.
Face à la montée en puissance des plateformes de vente chinoises à prix cassés comme Temu et Shein, elle a lancé en novembre sa propre section d'articles bon marché, aux Etats-Unis pour commencer.
Sur "Amazon Haul", les produits coûtent moins de 10 dollars pour la plupart et arrivent chez le consommateur en une à deux semaines.
Un service qui pourrait potentiellement pâtir de la guerre commerciale engagée par le nouveau gouvernement de Donald Trump avec Pékin.
"Les yeux sont tournés vers Temu, mais une grande partie des produits vendus sur Amazon sont également d'origine chinoise", a souligné l'analyste indépendant Rob Enderle.
H.Hayashi--JT