The Japan Times - Dans la Meuse, des entreprises au savoir-faire historique sauvées par leurs salariés

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Dans la Meuse, des entreprises au savoir-faire historique sauvées par leurs salariés
Dans la Meuse, des entreprises au savoir-faire historique sauvées par leurs salariés / Photo: Jean-Christophe VERHAEGEN - AFP

Dans la Meuse, des entreprises au savoir-faire historique sauvées par leurs salariés

La dernière filature industrielle de laine à tricoter de France ou encore un fabriquant historique de tubes en acier: plusieurs entreprises meusiennes vantant les savoir-faire uniques de leur employés ont été reprises, ces derniers mois, par leurs salariés, évitant leur fermeture.

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"Un défi" et aussi une "belle aventure humaine" pour ces entreprises qui employaient, dans leurs meilleures années, plusieurs centaines de personnes.

Puis, elles ont vécu le redressement judiciaire et le risque de liquidation, avant d'être finalement reprises par une partie de leurs salariés sous forme de société coopérative de production (Scop).

À Ancerville, La Meusienne, une PME centenaire spécialisée dans la fabrication de tubes et profilés soudés en acier inoxydable, a été placée en redressement judiciaire en mars, laissant craindre une liquidation, en l'absence de repreneurs.

Alors une quarantaine de salariés ont décidé de devenir des associés, aux côtés de Roxanne Creutz, 29 ans, entrée en tant que stagiaire en 2021 dans l'entreprise qu'elle n'a plus quittée, y occupant par la suite un poste de responsable de gestion. Après avoir fédéré les salariés derrière ce projet, elle dirige désormais la Scop.

À une vingtaine de kilomètres de là, à Bar-le-Duc, la filature Bergère de France, créée en 1946 et notamment connue pour ses catalogues de fils de laine, a aussi échappé à la liquidation grâce à la mobilisation d'une partie des salariés.

"Heureusement, parmi les 57 salariés ayant accepté de devenir associés, tous les corps de métiers sont représentés", dit Valentine Fanjeaux, responsable de la production.

- Nouvel élan -

Dans les deux usines reprises en Scop, les salariés se doivent d'être polyvalents.

Les effectifs ont été réduits, et dans l'attente d'embauches supplémentaires, il n'est pas rare que l'un ou l'autre soit affecté à différentes tâches au long de la journée, en fonction des besoins.

A La Meusienne, Franck, soudeur dans l'entreprise où son père, son oncle et son grand-père ont travaillé, donne ainsi un coup de main en maintenance.

Pour lui, c'est une histoire de famille mais aussi une fierté de travailler et que l'histoire perdure.

Chez Bergère de France, même son de cloche.

Tous sont désormais associés aux échanges pour réaliser les principaux "défis", à savoir "rationaliser et améliorer les process" tout en gardant "notre qualité de production", résume Mme Fanjeaux.

Depuis la Scop, les projets avancent rapidement et Bergère de France a "gagné en productivité, car les gens ont envie, ils sont dans une démarche active, et ça offre de beaux échanges", salue auprès de l'AFP son directeur, Jean-Michel Nicolas, qui y voit le début d'une "belle aventure humaine".

- Economies -

Les salariés, qui sont donc montés au capital de l'entreprise, disent dans les deux usines chercher à produire mieux, tout en étant vigilants sur les dépenses.

"On essaye de faire beaucoup plus attention, pour le moindre geste, comme éteindre la lumière", explique Eric, soudeur depuis 36 ans à La Meusienne.

L'espace aussi doit être optimisé.

Ainsi à La Meusienne, plusieurs bâtiments ont été vendus, tandis qu'à Bergère de France, des réaménagements sont en cours ou prévus.

En 2023, la France comptait quelque 4.500 Scop et Scic (sociétés coopératives d'intérêt collectif), selon les chiffres de la Confédération générale des Scop.

Et "le taux de pérennité à cinq ans continue d'augmenter", notait aussi l'association dans ses chiffres clés 2023.

Néanmoins, "les reprises d'entreprises en difficulté ne représentent que 8% des sociétés coopératives" note la CG Scop.

En dix ans, 155 entreprises ont été reprises de cette manière, dite "à la barre", dans le cadre d'une procédure de redressement judiciaire, "principalement dans les secteurs de l'industrie et de la construction". Trois quarts d'entre elles existent encore.

A Bergère de France, "il y a un savoir-faire, je ne suis pas inquiet" pour l'avenir, dit M. Nicolas, tout comme à La Meusienne, où l'on y croit dur comme fer.

Autre marque emblématique, la verrerie Duralex s'est aussi transformée en scop en septembre dans le Loiret.

Y.Watanabe--JT