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Le constructeur automobile américain Ford a publié mercredi des résultats pour le quatrième trimestre supérieurs aux attentes, marquant un certain optimisme pour l'exercice en cours tout en restant "prudent", ce que les marchés n'ont pas apprécié.
"Ford devient une entreprise fondamentalement plus solide", a affirmé Jim Farley, patron du groupe, cité dans un communiqué. "Nous avons terminé 2024 par un trimestre solide, mettant la touche finale au chiffre d'affaires annuel le plus élevé de l'histoire de Ford."
Il a ajouté, concernant l'exercice 2025, escompter des "progrès encore plus importants dans nos deux plus grands domaines d'opportunités - qualité et coûts", dans le cadre du plan d'entreprise Ford+.
De son côté, la toute nouvelle directrice financière Sherry House a affirmé que Ford entendait s'appuyer sur ces "fondamentaux solides" pour "renouer avec une croissance supérieure, des marges supérieures, une meilleure efficacité du capital alloué et un groupe plus pérenne".
Mais, dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York, l'action Ford chutait de 5,30%.
Les analystes semblaient davantage déçus par les prévisions pour 2025, que par les résultats du quatrième trimestre 2024, meilleurs qu'attendus.
Pour l'exercice en cours, Ford a ainsi évoqué un bénéfice opérationnel proforma entre 7 et 8,5 milliards de dollars - contre 10,2 milliards en 2024 - et un flux de trésorerie de 4,5 milliards.
Mais, sur le premier trimestre, ce bénéfice devrait être "à peu près à l'équilibre à cause de ventes aux concessionnaires inférieures et d'un mix produits défavorable".
- Droits de douane -
"Nous pensons que c'est prudent", a justifié M. Farley sur la chaîne CNBC. "Il y a beaucoup de facteurs extérieurs", a-t-il ajouté, faisant référence aux droits de douane que le Donald Trump a menacé d'infliger au Canada et au Mexique, avant de les suspendre trente jours.
S'ils étaient appliqués, cela représenterait "plusieurs milliards de dollars de pertes pour les constructeurs automobiles américains", "un impact énorme sur l'emploi aux Etats-Unis" et sur la sécurité nationale, a-t-il prévenu lors d'une audioconférence avec des analystes, affirmant que l'administration et les parlementaires avaient été alertés.
Au dernier trimestre 2024, Ford a engrangé un chiffre d'affaires de 48,2 milliards de dollars (+5% sur un an) et un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars, après une perte de 526 millions un an plus tôt, du fait d'une charge comptable liée à la retraite de ses employés.
C'est mieux que le consensus de FactSet qui tablait, respectivement, sur 47,40 milliards et 1,42 milliard.
Rapporté par action et hors éléments exceptionnels, référence pour les marchés, le bénéfice net ressort à 39 cents pour un consensus à 34 cents.
Pour l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires ressort à 185 milliards de dollars (+5% sur un an) et le bénéfice net à 5,9 milliards, soit près du quadruple de l'année précédente (1,5 milliard).
Le groupe prévoit, courant 2025, des lancements dans ses grandes usines américaines, en particulier dans la gigantesque Kentucky Truck et dans le Michigan.
- "Crucial" électrique -
En janvier, il a écoulé 142.944 véhicules (-6,3% sur un an) aux Etats-Unis dont 18.961 modèles électrifiés (tout électriques ou hybrides, soit +19,8%) et 123.983 exemplaires à combustion (-9,4%).
La branche "Ford Model e" (véhicules électriques) a subi une perte d'exploitation de 5,1 milliards sur l'année, du fait d'investissements (usines de batteries, nouveaux produits). Elle est néanmoins parvenue à réduire ses coûts de 1,4 milliard.
Cette activité est "cruciale" pour tout constructeur automobile, a relevé M. Farley, auprès des analystes. "Nous sommes très engagés dans le développement de notre prochaine génération de véhicules (électriques) qui seront meilleurs marché."
L'ancien directeur financier John Lawler s'attendait, dès novembre, à une "pression incroyable" sur le prix des véhicules électriques en 2025 aux Etats-Unis, un secteur où la demande est moins vive qu'anticipé et qui pourrait être grandement affecté par des mesures du président Trump.
Ford Pro (utilitaires) a généré un bénéfice d'exploitation de neuf milliards, et un chiffre d'affaires en hausse de 15% sur un an à 66,9 milliards aidé par les souscriptions (+27%) à son logiciel de gestion des flottes.
Le chiffre d'affaires de Ford Blue (véhicules à combustion et hybrides) a stagné d'une année sur l'autre, à 101,9 milliards de dollars. La hausse des prix a été compensée par un recul des ventes aux concessionnaires après l'arrêt de modèles à faibles marges.
S.Yamamoto--JT