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Réduire la consommation de viande des Français de 15% d'ici 2035 mais en tenant compte des contraintes et aspirations de chaque catégories socio-économiques: c'est ce que proposent des chercheurs dans un rapport publié lundi et destiné à "lancer le débat" sur un sujet "sensible".
Concrètement, une famille aisée et diplômée, prédisposée à baisser sa consommation et avec les moyens de le faire, réduirait la proportion de viande de 26% dans son assiette contre 10% pour les familles urbaines modestes.
L'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) partent du principe qu'il "faut aller vers une alimentation saine, à faibles impacts sur les écosystèmes, accessible à tous et rémunérant équitablement les producteurs" et que cela passe pas une baisse de la consommation de viande et une meilleure qualité des produits.
"La baisse de la consommation de viande ne suscite pas de rejet chez une grande majorité de la population française (...) Pourtant, à l'échelle nationale, la consommation de viande stagne depuis 10 ans", déplorent les chercheurs.
Alors comment la réduire ? Pas en comptant uniquement sur un changement d'habitude de la part d'un "consommateur responsable" mais grâce à des actions, explique Mathieu Saujot, directeur du programme Modes de vie en transition à l'Iddri.
"Il faut dédramatiser le sujet (...) et rapprocher les producteurs des consommateurs", notamment grâce à la vente directe, a plaidé Benoît Drouin, agriculteur en polyculture élevage, invité pour la présentation de l'étude à Paris.
Mais aussi proposer des alternatives végétales au jambon comme le fait Fleury Michon, a défendu Billy Salha, son directeur général.
Les choix du consommateur doivent aussi être accompagnés avec l'encadrement de la publicité, de l'étiquetage et par la disposition en rayon mais aussi grâce aux différents canaux d'information (médias, ONG, établissements publics), complètent les chercheurs.
Pour Marie Massart, adjointe au maire de Montpellier aussi invitée à la présentation de l'étude, l'engagement des collectivités peut également se faire par l'augmentation du nombre de repas végétariens dans les cantines.
L'étude dénombre 12 catégories socio-économiques plus ou moins sensibles à cet ensemble d'actions, en fonction de leurs revenus, de la composition du foyer, de leur niveau de diplômes, leur âge et leur lieu de vie.
En partant de cette typologie, réalisée grâce à un travail mêlant sociologie, modélisation quantitative et études des politiques publiques, les chercheurs ont établi une trajectoire de réduction possible pour chaque groupe, qui aboutit à une réduction globale de 15% entre 2023 et 2035.
Selon le scénario proposé, les femmes seules, qui consommaient en moyenne un peu moins de 100g de viande par jour, pourraient par exemple réduire leur consommation de 36% grâce à ces incitations, soit la variation la plus forte. Les hommes seuls, qui en consommaient environ 140g par jour, la réduiraient eux de 7%.
T.Kobayashi--JT