The Japan Times - Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée

EUR -
AED 4.062609
AFN 78.580856
ALL 99.305478
AMD 428.144301
ANG 1.980089
AOA 1013.715036
ARS 1189.872276
AUD 1.849315
AWG 1.992302
AZN 1.879415
BAM 1.963792
BBD 2.215446
BDT 133.312525
BGN 1.955746
BHD 0.416902
BIF 3261.532027
BMD 1.106066
BND 1.482138
BOB 7.581889
BRL 6.653765
BSD 1.09718
BTN 94.579041
BWP 15.487237
BYN 3.590729
BYR 21678.897916
BZD 2.203999
CAD 1.57266
CDF 3176.622177
CHF 0.932425
CLF 0.028861
CLP 1107.537206
CNY 8.117757
CNH 8.166258
COP 4893.513475
CRC 563.300031
CUC 1.106066
CUP 29.310755
CVE 110.716068
CZK 25.202812
DJF 195.387795
DKK 7.466345
DOP 68.831047
DZD 147.386625
EGP 56.704142
ERN 16.590993
ETB 144.677886
FJD 2.587365
FKP 0.869012
GBP 0.861819
GEL 3.047236
GGP 0.869012
GHS 17.007289
GIP 0.869012
GMD 79.081132
GNF 9495.772543
GTQ 8.4624
GYD 229.55523
HKD 8.581459
HNL 28.073374
HRK 7.535298
HTG 143.574938
HUF 409.069738
IDR 18736.92768
ILS 4.205923
IMP 0.869012
INR 95.679267
IQD 1437.368975
IRR 46579.216379
ISK 144.916745
JEP 0.869012
JMD 173.264329
JOD 0.784088
JPY 160.736301
KES 143.238039
KGS 96.290914
KHR 4390.888904
KMF 497.173773
KPW 995.433582
KRW 1638.57629
KWD 0.340292
KYD 0.914325
KZT 568.335453
LAK 23767.832436
LBP 98310.928179
LKR 328.066575
LRD 219.439056
LSL 21.369361
LTL 3.265926
LVL 0.669049
LYD 6.101915
MAD 10.485519
MDL 19.481369
MGA 5135.900938
MKD 61.77663
MMK 2322.058566
MNT 3882.035947
MOP 8.781255
MRU 43.436357
MUR 49.658792
MVR 17.044517
MWK 1902.542541
MXN 23.114356
MYR 4.974534
MZN 70.675707
NAD 21.369361
NGN 1720.463887
NIO 40.375223
NOK 12.018593
NPR 151.329901
NZD 1.995404
OMR 0.42579
PAB 1.09718
PEN 4.076545
PGK 4.530499
PHP 63.593825
PKR 307.992476
PLN 4.29521
PYG 8796.919028
QAR 3.999595
RON 4.977075
RSD 117.162266
RUB 94.966082
RWF 1553.428818
SAR 4.153289
SBD 9.20607
SCR 15.86668
SDG 664.19183
SEK 10.976419
SGD 1.493023
SHP 0.869194
SLE 25.173987
SLL 23193.656802
SOS 627.048989
SRD 40.76185
STD 22893.337619
SVC 9.601116
SYP 14380.584164
SZL 21.355196
THB 38.450731
TJS 11.920998
TMT 3.882292
TND 3.38228
TOP 2.590518
TRY 42.036604
TTD 7.441317
TWD 36.559361
TZS 2940.748067
UAH 45.196732
UGX 4072.592132
USD 1.106066
UYU 46.67912
UZS 14227.284901
VES 81.03697
VND 28774.312718
VUV 138.324035
WST 3.14478
XAF 658.640364
XAG 0.036895
XAU 0.000366
XCD 2.989199
XDR 0.819134
XOF 658.646343
XPF 119.331742
YER 271.400984
ZAR 21.889217
ZMK 9955.9169
ZMW 30.584882
ZWL 356.152872
  • AEX

    -15.9000

    808

    -1.93%

  • BEL20

    -107.7900

    3944.45

    -2.66%

  • PX1

    -129.9400

    6970.59

    -1.83%

  • ISEQ

    -198.8500

    9454.09

    -2.06%

  • OSEBX

    -28.5900

    1372.76

    -2.04%

  • PSI20

    -132.6200

    6305.3

    -2.06%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    117.5200

    2639.37

    +4.66%

  • N150

    -58.1400

    3034.33

    -1.88%

Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée
Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée / Photo: Lillian SUWANRUMPHA - AFP

Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée

La généticienne Inna Birchenko pleure, au milieu de la réserve naturelle thaïlandaise d'Umphang. Il n'était pas prévu que cette forêt, où elle est venue collecter des spécimens d'arbres, brûle. La fumée flotte encore dans l'air.

Taille du texte:

"Cette belle communauté diverse d'arbres et d'animaux est en train d'être détruite sous nos yeux", se lamente-t-elle, choquée de découvrir les ravages du feu.

Inna Birchenko est chercheuse aux célèbres Jardins botaniques royaux de Kew, un organisme public britannique qui gère le projet titanesque de la "Banque de semences du millénaire": près de 2,5 millions de graines de plus de 40.000 espèces de plantes sauvages méticuleusement échantillonnées dans le monde, et conservées pour la postérité.

Avec des scientifiques du Royaume-Uni et de Thaïlande, elle est cette fois venue ici pour collecter des graines et des feuilles d'arbres de cette réserve naturelle, censée être un joyau de préservation. Avec l'objectif d'étudier l'impact de la température et de l'humidité sur la germination des arbres.

Ces connaissances pourraient un jour aider à reboiser avec des arbres plus résistants à l'élévation des températures et aux climats plus secs.

Mais à Umphang, dans cette zone isolée du nord-ouest thaïlandais, les chercheurs sont atterrés de constater les répercussions des activités humaines sur des forêts pourtant théoriquement protégées.

La randonnée sauvage d'Inna Birchenko et de ses collègues s'est transformée en sinistre marche de plusieurs kilomètres sur un sol couvert de cendre noire et grisâtre, à travers des bois parfois encore fumants. Ils ont aussi découvert, sur des parcelles visiblement défrichées, des étendues de champs de maïs.

Aucune trace de la faune sauvage: Inna ne verra pas les calaos (des oiseaux), éléphants, cerfs et tigres qui font la réputation du site.

A la place, l'équipe ramasse une cigale jaune à moitié carbonisée et découvre cinq oeufs aux coquilles roussies par les flammes dans un nid de poule sauvage.

"Cela me fend le coeur", lâche Nattanit Yiamthaisong, doctorante de l'unité de recherche sur la restauration des forêts (Forru) à l'université de Chiang Mai, qui travaille avec Mme Birchenko et son collègue de Kew, Jan Sala.

"Je croyais qu'une réserve ou un parc naturel étaient des zones protégées. Je ne m'attendais pas à voir autant de champs, ni autant de feux".

- Incendies récurrents -

Les feux de forêt sont courants en Thaïlande au printemps, quand les agriculteurs embrasent les restes de la récolte précédente pour faire place nette à de nouveaux semis.

Certaines communautés, qui peuplent les zones protégées de longue date, ont des autorisations spéciales pour y cultiver des parcelles.

Les brûlis agricoles peuvent aider à enrichir le sol. Le feu fait aussi partie intégrante d'écosystèmes forestiers, certaines graines en ayant par exemple besoin pour germer.

Mais, parfois, les feux de champs atteignent les forêts adjacentes, accidentellement ou non. Le risque est accru par le climat plus sec lié au changement climatique et par la pression économique sur les agriculteurs, qui les pousse à semer plus fréquemment et sur de plus grands espaces.

Or des forêts soumises à des incendies récurrents et extrêmes pourraient ne jamais s'en remettre, avertissent des experts.

Vue de satellites de la Nasa, la multiplication des incendies est frappante depuis plusieurs semaines dans de nombreuses zones de Thaïlande pourtant officiellement protégées.

Dans la région touristique de Chiang Mai, les pompiers interviennent et envoient des hélicoptères qui larguent de l'eau sur les forêts en flammes, au prix de milliers de dollars par mission.

Mais la réserve d'Umphang, elle, est loin des regards et délaissée. Des gardes forestiers protègent certes le secteur, mais ils sont mal payés et surmenés, et manquent de moyens, selon des défenseurs de l'environnement.

Le ministère thaïlandais des Parcs nationaux n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

- Déforestation rapide -

"La forêt tropicale immaculée que nous nous attendions à voir a disparu", déplore Jan Sala, expert en germination. "Cela montre vraiment l'importance de la préservation de la biodiversité car tout est en train d'être déboisé très, très rapidement".

Le projet de Jan Sala et Inna Birchenko vise à cartographier la structure et la diversité génétiques de trois espèces d'arbres, à prédire leur résistance au changement climatique et, au bout du compte, à délimiter en Thaïlande des zones de plantation selon l'adaptabilité des espèces.

"Nous espérons que certains (arbres) seront plus résistants au changement climatique. Et ensuite (...) nous pourrons mieux faire usage" de tel ou tel type d'arbre pour reboiser, explique M. Sala.

De retour au Royaume-Uni, les chercheurs feront germer les graines collectées, à des températures et des niveaux d'humidité différents afin de connaître leurs limites.

Des analyses génétiques permettront d'identifier les mutations qui rendent les arbres plus résistants au réchauffement.

D'où la mission de collecte de spécimens en Thaïlande, concentrée sur trois espèces d'arbres non menacées: l'albizia odoratissima, le phyllanthus emblica (une sorte de groseiller) et le sapindus rarak. Toutes se développent dans des climats différents et les habitants de la zone savent les repérer.

Malgré leur aide, la tâche s'avère parfois complexe pour l'équipe scientifique, qui scrute la forêt pour repérer les formes de feuilles des arbres en question.

- Capsule "pour l'avenir" -

"Ma Sak?", crie Jan Sala, en prononçant le nom local du sapindus rarak, dont les fruits étaient autrefois utilisés comme détergent naturel.

La confirmation revient au technicien du Forru, Thongyod Chiangkanta, un ancien garde forestier et expert en identification des plantes.

Idéalement, les graines sont prélevées dans les fruits encore attachés à l'arbre. Quand les branches sont trop hautes, l'équipe lance une corde rouge lestée vers les branches pour les secouer et faire pleuvoir les fruits, mais aussi des feuilles qu'analysera Inna Birchenko.

Ces échantillons de branches et de feuilles sont soigneusement pressés comme dans un herbier, et rejoindront plus de sept millions d'autres spécimens en Angleterre, dans l'herbarium de Kew.

Quant aux graines, les chercheurs prévoient d'en collecter des milliers durant l'expédition, en s'assurant au préalable qu'elles ne sont ni gâtées ni infestées.

La mission n'est pas infructueuse. "C'est génial de trouver les arbres, mais en même temps vraiment triste, parce qu'à cinq mètres de l'arbre, il y a un feu de forêt, l'espace est dégradé, et j'imagine que ces arbres ne seront plus là dans quelques années", dit Jan Sala.

Les prélèvements de l'équipe ont lieu dans sept zones de Thaïlande, qui heureusement n'ont pas toutes brûlé.

C'est "une capsule de la diversité génétique que nous préservons pour l'avenir", résume Inna Birchenko, qui n'en reste pas moins anxieuse de l'avenir: "Nous faisons quelque chose, mais nous faisons trop peu et peut-être trop tard."

K.Tanaka--JT