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Le groupe pétrogazier français et 4e major mondiale TotalEnergies a déclaré jeudi qu'il avait encore réduit son empreinte carbone en 2024 et qu'il maintenait "le cap" de ses objectifs climatiques, à deux mois d'une assemblée générale de ses actionnaires toujours très scrutée.
Le maintien de sa trajectoire de réduction des gaz à effet de serre, annoncé jeudi dans son rapport annuel "climat", se distingue des revirements sur la transition énergétique annoncés récemment par les majors européennes BP et Shell.
TotalEnergies estime avoir réduit ses émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre en 2024, par rapport à 2023, pour un total de 461 millions de tonnes de CO2 équivalent ( MtCO2e, -2,9%) ou 449 MtCO2e (-2,6%), selon les deux méthodes de calcul retenues à partir de ses tableaux de comptabilité carbone. Ce total représente environ un quart de plus que l'ensemble des émissions de la France sur son territoire.
L'empreinte carbone inclut le dioxyde de carbone (CO2) généré par la combustion de l'essence, du kérosène ou du gaz vendu par TotalEnergies, mais aussi les rejets de méthane (la molécule du gaz), un puissant gaz à effet de serre qui peut fuir des forages ou des gazoducs et s'échapper directement dans l'atmosphère.
Les émissions dites directes, générées par ses opérations d'extraction et de production, que la major française en soit l'opérateur ou non, sont déclarées à 43 MtCO2e l'an dernier (-4,4% sur un an).
Mais l'essentiel de l'empreinte carbone des groupes pétroliers comme TotalEnergies se trouve ailleurs, dans les émissions dites indirectes, et notamment de celles issues de la combustion des produits fossiles vendus à ses clients. Celles-ci ont été, selon le groupe, de 342 MtCO2e en 2024 (-2,6% par rapport à l'an précédent).
- Accélération pour réduire le méthane -
Depuis dix ans, les émissions liées à la combustion du pétrole (deux tiers de ces émissions indirectes) ont baissé, mais celles de gaz, priorité stratégique du groupe dirigé par Patrick Pouyanné, qui a beaucoup investi dans le gaz naturel liquéfié (GNL), ont été multipliées par deux.
Ses ventes de pétrole n'ont fait que diminuer au contraire de celles de gaz qui augmentent, une énergie qu'il vante comme une "alternative vertueuse" dans les pays dépendant du charbon pour produire de l'électricité.
Le rôle du gaz dans la transition énergétique est cependant discuté par des scientifiques et experts du climat. L'empreinte carbone du GNL peut en effet rivaliser avec celle du charbon dans certains cas, à cause d'un processus industriel très lourd (extraction, liquéfaction, transport maritime qui engendre des fuites, regazéification).
"Forte de ces résultats, TotalEnergies maintient le cap de sa stratégie et est devenue la société la plus engagée dans la transition énergétique parmi les majors", a souligné la compagnie dans un communiqué.
La "neutralité carbone" visée par l'entreprise est soumise à la condition que "la société", c'est-à-dire les pays où elle opère, impose de facto la sortie du pétrole. TotalEnergies n'a pas déclaré d'intention d'arrêter ses activités pétrolières et s'appuiera largement sur des compensations ou des absorptions de carbone, techniques non éprouvées à grande échelle.
En attendant, les objectifs chiffrés de TotalEnergies concernent 2030. Pour ceux de 2025, le groupe a décidé de "renforcer ses objectifs de baisse des émissions".
Cela concerne ses émissions directes (incluant ses activités et l'énergie qu'elle consomme) et de méthane.
TotalEnergies estime être allée plus vite que prévu en réduisant de 55% ses propres émissions de méthane en 2024 par rapport à 2020 (au lieu de -50%). Elle compte faire encore mieux avec une réduction de 60% en 2025, pour atteindre l'objectif d'une baisse de 80% qu'elle s'est fixée pour 2030.
M.Ito--JT