The Japan Times - Corée du Sud: les enquêteurs demandent l'inculpation du président Yoon

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Corée du Sud: les enquêteurs demandent l'inculpation du président Yoon
Corée du Sud: les enquêteurs demandent l'inculpation du président Yoon / Photo: Kim Hong-Ji - POOL/AFP

Corée du Sud: les enquêteurs demandent l'inculpation du président Yoon

Les enquêteurs sud-coréens ont recommandé jeudi l'inculpation pour rébellion et abus de pouvoir du président Yoon Suk Yeol, détenu et suspendu de ses fonctions, pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale qui a plongé le pays dans une grave crise.

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Au terme de 51 jours d'enquête, le Bureau d'enquête sur la corruption (CIO), l'agence anticorruption qui centralise les investigations criminelles sur M. Yoon, a remis ses conclusions au parquet.

Il y déclare avoir "décidé de demander au parquet du district central de Séoul d'engager des poursuites contre le président en exercice, Yoon Suk Yeol, dans le cadre d'allégations portant notamment sur la conduite d'une rébellion".

Le parquet a désormais 11 jours pour décider de lancer ou non les poursuites demandées. La rébellion est un crime passible de la peine de mort.

Dans une procédure distincte, M. Yoon doit assister jeudi à 14H00 (05H00 GMT) à la quatrième audience de son procès en destitution devant la Cour constitutionnelle, au cours de laquelle des témoins seront entendus au sujet de son coup de force.

- Attitude "non coopérative" -

Le 3 décembre, le dirigeant conservateur a sidéré la Corée du Sud en imposant soudainement la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler. Il a fait marche-arrière quelques heures plus tard, à la suite d'un vote des députés réunis en urgence et sous la pression de manifestants.

Onze jours plus tard, M. Yoon s'est vu confisquer le pouvoir par l'Assemblée nationale, qui a adopté une motion de destitution contre lui, désormais examinée par la Cour constitutionnelle.

Après avoir résisté à une première descente sur mandat des autorités, M. Yoon a été arrêté et placé en détention le 15 janvier. Un fait sans précédent pour un chef de l'Etat sud-coréen titulaire, qu'il reste officiellement jusqu'à la décision de la Cour constitutionnelle.

Depuis son placement en détention provisoire, M. Yoon, qui dit ne pas reconnaître la légalité de l'enquête le visant, n'a cessé de repousser les convocations du CIO. Il "a constamment maintenu une attitude non coopérative", a déclaré aux journalistes Lee Jae-seung, le chef adjoint du CIO.

Le service de sécurité de M. Yoon a "entravé les perquisitions et les saisies, y compris l'accès à des dispositifs de communication sécurisés tels que des téléphones confidentiels", a poursuivi M. Lee.

Compte tenu de l'attitude du président déchu, le CIO a jugé qu'il serait "plus efficace" de confier l'affaire au parquet, qui est en mesure de l'inculper.

En réponse, l'équipe juridique de M. Yoon a exhorté jeudi le parquet à "mener une enquête qui respecte la légitimité juridique et les procédures régulières".

- "Abusé de son autorité" -

Dans les conclusions de son enquête, le CIO a indiqué que M. Yoon avait "abusé de son autorité obligeant les policiers de l'unité de garde de l'Assemblée nationale et les forces de la loi martiale à accomplir des tâches qui dépassaient leurs obligations".

Dans la nuit du 3 décembre, M. Yoon aurait ordonné à l'armée de prendre d'assaut le Parlement et d'empêcher les députés de voter une résolution demandant la levée de la loi martiale.

Selon les enquêteurs sud-coréens, M. Yoon a également "entravé l'exercice du droit des législateurs à exiger la levée de la loi martiale".

M. Yoon, lui, dément avoir ordonné à l'armée de "faire sortir" les députés du Parlement pour les empêcher de voter contre la loi martiale.

Son équipe juridique et lui tentent de défendre l'idée selon laquelle la déclaration de la loi martiale était nécessaire face à une fraude électorale, l'opposition ayant remporté haut la main le scrutin législatif d'avril 2024. Avec à la clef une majorité écrasante au Parlement.

La Cour constitutionnelle doit décider d'ici mi-juin si elle confirme la destitution du dirigeant conservateur ou si elle le rétablit dans ses fonctions.

En cas de destitution, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours.

La crise qui se prolonge a poussé la Banque centrale à abaisser lundi ses prévisions de croissance économique pour 2025, à 1,6%-1,7%.

Au quatrième trimestre 2024 déjà, la croissance du PIB de la quatrième économie d'Asie a ralenti à 0,1%, son taux le plus faible de l'année.

S.Fujimoto--JT