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L'élection présidentielle au Gabon se tiendra le 12 avril, a annoncé jeudi le porte-parole du gouvernement, étape décisive vers le retour à un régime civil promis par la junte militaire au pouvoir depuis le coup d'Etat de 2023 qui a chassé la dynastie Bongo.
"Le collège électoral est convoqué le samedi 12 avril 2025" a annoncé Séraphin Akuré Davain, porte-parole du gouvernement de transition dans la nuit de mercredi à jeudi à l'issu d'un conseil des ministres.
Porté au pouvoir par la junte qui a renversé le président Ali Bongo en août 2023, le général Brice Oligui Nguema a promis de rendre le pouvoir aux civils au terme de deux ans de transition, mais ne cache pas ses ambitions présidentielles, selon les médias locaux.
Le 30 août 2023, une heure après l'annonce officielle de l'élection d'Ali Bongo Ondimba pour un troisième mandat depuis 2009, la junte militaire baptisée "Comité pour la transition et la restauration des institutions" (CTRI) avait proclamé la "fin du régime Bongo" en dénonçant un scrutin frauduleux.
Les militaires ont dissout les institutions avant de nommer 98 députés et 70 sénateurs d'un parlement de transition, membres de partis politiques ou de la société civile issus de l'ex-opposition au régime Bongo mais aussi de sa majorité.
- Calendrier anticipé -
Jusqu'à présent, le calendrier de la transition a été rigoureusement suivi voire anticipé.
Le régime militaire a annoncé procéder à la révision des listes électorales du 2 au 31 janvier, soit trois mois plus tôt que le calendrier initial.
Lundi, un nouveau code électoral a été adopté autorisant notamment les magistrats et militaires à se présenter sous conditions aux élections.
Une disposition vivement critiquée par certains opposants, qui craignent qu'elle ne permettre à ces professions de s'ingérer dans le processus politique via les armes ou des décisions judiciaires.
Ils dénoncent également une disposition taillée sur mesure pour permettre au général Oligui de se maintenir au pouvoir après la transition.
Une nouvelle Constitution, approuvée en septembre dernier par le Parlement de transition avait été votée par référendum avec 91,64% de "oui" en novembre.
Les 173 articles de la nouvelle loi fondamentale, fruit de contributions récoltées au printemps lors d'un dialogue national, consacrent entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel doté d'un pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre et l'impossibilité d'une transmission dynastique du pouvoir.
Son deuxième article grave dans le marbre l'accession au pouvoir de la junte menée par le général Oligui le 30 août 2023, avec l'instauration d'une "fête de la libération".
L'article 170 exonère de poursuites et de condamnation "les acteurs des événements allant du 29 août 2023 à l’investiture du président de la transition", le 4 septembre.
Plusieurs dispositions ne pourront faire l'objet d'aucune révision future. Parmi elles: la limite de deux mandats présidentiels successifs, le mode d'élection au suffrage universel direct ou encore le mariage réservé à deux individus de sexes opposés.
H.Hayashi--JT