The Japan Times - Bélarus: l'autocrate assumé Loukachenko vise un septième mandat consécutif

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Bélarus: l'autocrate assumé Loukachenko vise un septième mandat consécutif
Bélarus: l'autocrate assumé Loukachenko vise un septième mandat consécutif / Photo: Natalia KOLESNIKOVA - AFP

Bélarus: l'autocrate assumé Loukachenko vise un septième mandat consécutif

Les Bélarusses sont appelés aux urnes dimanche pour un scrutin voué à réélire Alexandre Loukachenko, qui en 30 ans au pouvoir a éliminé toute forme d'opposition et aligné son pays sur Moscou, jusqu'à faciliter l'invasion russe de l'Ukraine en 2022.

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Avec cette présidentielle, M. Loukachenko, 70 ans, entend s'offrir un septième mandat consécutif, pour cinq ans, à la tête de cette ex-république soviétique frontalière de l'Union européenne, de l'Ukraine et de la Russie.

Ses détracteurs et des ONG de défense des droits humains ont déjà qualifié cette élection de mise en scène. Des députés du Parlement européen ont, eux, appelé à ne pas en reconnaître les résultats, d'autant que le précédent scrutin, en 2020, avait été suivi de la répression sans merci d'un mouvement de contestation inédit.

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kalla a affirmé samedi que M. Loukachenko "n'a aucune légitimité". "Il se renommera lui-même dans une nouvelle mascarade d'élection. C'est un affront à la démocratie"", a-t-elle ajouté sur X.

Dans le petit village de Goubitchi, dans le sud-est du Bélarus, Alexeï, 42 ans, ne cachait pas vendredi ses intentions: "Je vais voter pour Loukachenko, car depuis qu'il devenu président (en 1994, ndlr), les choses se sont améliorées".

Cet agriculteur de 42 ans travaille dans une ferme, comme le dirigeant bélarusse autrefois, et dit gagner en moyenne autour de 300 euros par mois en vendant du lait.

Pour le futur, "j'aimerais que mes enfants puissent recevoir une bonne éducation", ajoute-t-il à l'AFP, et "qu'il n'y ait pas de guerre".

- "Simulacre" -

Dans un entretien à l'AFP, début janvier, Svetlana Tikhanovskaïa, cheffe de file de l'opposition en exil et candidate face à M. Loukachenko en 2020, avait dénoncé un "simulacre" d'élection dans un climat de terreur.

Le dirigeant, dans son style martial habituel, a lui mis en garde ses opposants vendredi à la télévision nationale: "Nous ne répéterons jamais ce qui s'est passé en 2020 !", quand son pouvoir avait vacillé, lorsque des dizaines de milliers de Bélarusses dénonçaient dans la rue une présidentielle truquée.

Soutenu par son allié russe Vladimir Poutine, M. Loukachenko, un temps fragilisé, avait réussi à consolider son pouvoir à coups d'arrestations, de violences et de longues peines de prison visant opposants, journalistes, employés d'ONG et simples manifestants.

Selon l'ONU, plus de 300.000 Bélarusses, sur une population de neuf millions, ont fui leur pays pour des raisons politiques, principalement vers la Pologne.

Pour punir cette répression, les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions au Bélarus, conduisant Alexandre Loukachenko à accélérer son rapprochement avec le Kremlin, abandonnant son jeu d'équilibriste entre Moscou et l'Occident.

Illustration de cette alliance, le territoire bélarusse a servi de base arrière aux forces de Vladimir Poutine en février 2022 pour envahir l'Ukraine. Et Moscou y a déployé à l'été 2023 des armes nucléaires tactiques, une menace pour Kiev mais également les membres de l'Otan bordant le Bélarus (Lituanie, Lettonie, Pologne).

- Candidats fantoches -

M. Loukachenko, personnage haut en couleur qui aime s'afficher en uniforme, au volant d'un tracteur ou une arme a la main, s'est posé en rempart face au chaos de la guerre en Ukraine, assurant que son pays "ne veut pas se battre".

Ce moustachu à la carrure imposante aime également faire la tournée des usines. Cet ancien directeur de ferme collective, connu aussi pour son style macho assumé, se félicite d'avoir maintenu une économie dirigiste, la majorité des industries et exploitations agricoles restant contrôlée par l'Etat.

Lors d'une récente visite, il a déclaré n'avoir aucun intérêt à participer à des débats électoraux: "C'est pas le moment de débattre", a-t-il dit, alors que quatre candidats triés sur le volet par le pouvoir pourront participer, entièrement réduits à un rôle de faire-valoir.

Les organisations de défense des droits humains estiment que le pays compte toujours plus de 1.000 prisonniers politiques détenus dans des conditions difficiles, souvent privés d'accès à des avocats ou de contact avec leurs proches.

Svetlana Tikhanovskaïa, dont le propre mari, Sergueï Tikhanovski, est emprisonné et interdit de correspondance, a appelé néanmoins les Bélarusses à ne pas manifester lors du scrutin, jugeant "la répression" encore trop forte.

"Ce moment viendra, c'est certain, et les gens doivent rester prêts à agir" lorsque l'opportunité se présentera, a-t-elle insisté auprès de l'AFP.

Y.Kimura--JT