AEX
2.9400
L'Ukraine estime que les militaires nord-coréens, déployés dans la région russe de Koursk "ont été retirés", du fait des lourdes pertes que l'armée ukrainienne leur a infligées, a indiqué vendredi à l'AFP un porte-parole militaire.
Séoul, Kiev et Washington affirment que la Corée du Nord avait déployé, depuis octobre dernier, quelque 11.000 soldats dans cette région frontalière de l'Ukraine pour aider Moscou à y reprendre le territoire sous contrôle ukrainien depuis une offensive surprise en août.
"Ces trois dernières semaines, nous n'avons pas vu ou détecté d'activité ou d'affrontement armé avec les Nord-Coréens", a indiqué le colonel Oleksandre Kindratenko, porte-parole des forces spéciales ukrainiennes.
Par conséquent "nous pensons qu'ils ont été retirés en raison des lourdes pertes qu'ils ont subies", a-t-il dit, interrogé par l'AFP sur des informations en ce sens du quotidien américain New York Times, qui s'appuyait sur des sources américaines et ukrainiennes non-identifiées.
Le journal affirmait, lui, jeudi que les soldats nord-coréens n'avaient plus été vus sur le front depuis deux semaines.
Oleksandre Kindratenko n'a cependant pas voulu estimer les pertes nord-coréennes. Il également jugé que ces forces se retiraient pour "se remettre et pour être utilisées d'une autre manière".
Moscou et Pyongyang n'ont ni admis ni démenti la présence de ces troupes sur les champs de bataille de la région de Koursk.
L'implication d'une armée régulière étrangère a constitué une escalade majeure dans l'invasion de l'Ukraine déclenchée il y a près de trois ans par Vladimir Poutine.
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, avait déjà affirmé mercredi sur X que "certaines unités nord-coréennes" avaient été retirées du front dans la région de Koursk.
Toutes ces sources expliquent ce repli par les lourdes pertes que ces unités auraient subies dans les combats pour reprendre aux Ukrainiens les quelques centaines de km2 de territoire russe qu'ils contrôlent et que Vladimir Poutine a juré de reprendre.
Interrogé par l'AFP sur les affirmations du New York Times lors d'un briefing à Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a refusé de commenter.
"Il y a (dans le quotidien américain) beaucoup de choses différentes, des justes, des fausses, des mensongères, des distorsions de la réalité, voilà pourquoi il n'est sans doute pas approprié de (les) commenter à chaque fois. Nous ne le ferons (donc) pas", a-t-il insisté.
- Trump et la paix -
Un député sud-coréen avait affirmé en janvier que quelque 300 soldats nord-coréens déployés en Russie avaient été tués et 2.700 autres blessés, citant le service de renseignement de Séoul.
En décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait lui dit que près de 3.000 soldats nord-coréens avaient été "tués ou blessés" sur place, tandis que Séoul avait avancé le chiffre de 1.000.
Il avait aussi annoncé en janvier la capture de deux militaires nord-coréens, interrogés à Kiev. Le renseignement sud-coréen l'avait ensuite confirmé.
L'annonce ukrainienne de vendredi se produit à l'heure où la perspective de négociations entre Moscou et Kiev est de plus en plus souvent évoquée.
L'Ukraine, la Russie et leurs alliés respectifs ont les yeux tournés vers la Maison Blanche, le retour de Donald Trump étant perçu comme un potentiel tournant dans la guerre.
Sa position est ambiguë: critique des sommes dépensées par les Etats-Unis pour aider l'Ukraine, il a aussi adopté un ton sévère avec Moscou, qu'il a menacé de sanctions supplémentaires ces dernières semaines.
Il veut en tout cas une fin rapide à la guerre, et par le biais de négociations.
L'Ukraine craint elle d'arriver en position de faiblesse à la table des négociations.
L'armée russe multiplie les avancées dans l'est du pays, et les forces de Kiev sont impuissantes à les freiner.
Les forces russes ont, elles, revendiqué vendredi la conquête d'encore un nouveau village dans l'est de l'Ukraine, près de la localité de Pokrovsk, et s'approchent aussi d'une route qui pourrait ouvrir la voie vers des places fortes ukrainiennes dans l'Est ainsi que vers la région de Dnipropetrovsk, dans le centre du pays.
Le contrôle de territoires russes dans la région de Koursk pourrait présenter un avantage pour Kiev et une monnaie d'échange en cas de pourparlers avec Moscou.
K.Okada--JT