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Donald Trump, pour qui les Palestiniens "adoreraient quitter" la bande de Gaza dévastée, a reçu mardi à la Maison Blanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, au moment où reprennent de délicates négociations sur la poursuite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Juste avant cette rencontre, le président américain, qui a parlé de faire "le ménage" dans le territoire palestinien ravagé par quinze mois de guerre, a assuré que les Palestiniens seraient "ravis" de vivre ailleurs s'ils en avaient la possibilité, évoquant un "chantier de démolition".
Son émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a lui jugé que le territoire palestinien serait inhabitable pendant des années, semblant mettre en doute la faisabilité de la troisième phase de l'accord de trêve, celle de la reconstruction de Gaza en cinq ans.
Le Hamas a annoncé mardi que "les contacts et négociations pour la deuxième phase" du cessez-le-feu avaient "commencé".
Israël avait annoncé plus tôt qu'il enverrait "en fin de semaine" une délégation au Qatar, l'un des trois pays médiateurs avec les Etats-Unis et l'Egypte, pour discuter de la poursuite de la trêve.
Le président américain a cependant déclaré lundi n'avoir "aucune garantie" que le cessez-le-feu se prolonge.
Donald Trump a suscité récemment une vague d'indignation internationale en proposant de faire "tout simplement le ménage" dans la bande de Gaza et de transférer ses habitants dans des lieux "plus sûrs" comme l'Egypte ou la Jordanie. Ces deux pays se sont opposés à ce plan.
- "Enraciné dans sa terre" -
"Lorsque le président parle de 'faire le ménage', il parle de rendre (Gaza) habitable", a déclaré mardi Steve Witkoff, ajoutant qu'il "est injuste d'avoir expliqué aux Palestiniens qu'ils pourraient revenir dans cinq ans. C'est tout simplement grotesque".
La "phase trois, la reconstruction, ne pourra pas se dérouler comme le prévoit l'accord, c'est-à-dire un programme de cinq ans. C'est physiquement impossible", a-t-il dit.
L'émissaire de Trump a aussi déclaré qu'il rencontrerait jeudi en Floride, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Mais dans la bande de Gaza, de nombreux Palestiniens déplacés par la guerre ont profité de la trêve pour retrouver leur terre, déterminés à reconstruire. Plus d'un demi-million d'entre eux ont déjà regagné le nord du territoire, particulièrement détruit par les combats.
"Trump et Netanyahu doivent comprendre la réalité du peuple palestinien. C'est un peuple profondément enraciné dans sa terre, nous ne la quitterons pas", a affirmé Hatem Azzam, un habitant de Rafah, dans le sud de Gaza.
M. Netanyahu est le premier dirigeant étranger invité à la Maison Blanche depuis le retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier, symbole de l'alliance indéfectible entre Israël et les Etats-Unis.
Outre Gaza, le président américain devrait aussi aborder avec son invité la question d'une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, à laquelle il avait déjà oeuvré pendant son premier mandat, ainsi que la menace iranienne.
- "Pression maximale-
Donald Trump a d'ailleurs promis mardi d'exercer une "pression maximale" sur l'Iran, visant notamment son programme nucléaire.
La première phase de la trêve a permis jusqu'à présent la libération de 18 otages retenus à Gaza et d'environ 600 Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu'un afflux de l'aide humanitaire dans le territoire assiégé.
La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Une fois libérés les otages durant la première phase, le mouvement islamiste palestinien détiendra encore une cinquantaine d'otages, morts ou vivants.
Au total, 251 personnes avaient été enlevées lors de l'attaque du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
L'offensive israélienne menée en représailles dans la bande de Gaza a fait au moins 47.487 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Y.Watanabe--JT