The Japan Times - Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique

EUR -
AED 4.189602
AFN 81.560006
ALL 99.353919
AMD 445.224794
ANG 2.055756
AOA 1046.537798
ARS 1327.340457
AUD 1.779739
AWG 2.053144
AZN 1.943609
BAM 1.964386
BBD 2.302997
BDT 138.581814
BGN 1.962225
BHD 0.429887
BIF 3344.34388
BMD 1.140636
BND 1.499181
BOB 7.881554
BRL 6.490678
BSD 1.140601
BTN 97.364861
BWP 15.721927
BYN 3.732434
BYR 22356.459768
BZD 2.291145
CAD 1.583944
CDF 3281.609329
CHF 0.944604
CLF 0.02779
CLP 1066.437801
CNY 8.312616
CNH 8.313905
COP 4816.84754
CRC 577.331098
CUC 1.140636
CUP 30.226846
CVE 110.988296
CZK 25.06901
DJF 202.714226
DKK 7.493069
DOP 67.354986
DZD 151.009947
EGP 57.875053
ERN 17.109536
ETB 149.541759
FJD 2.575499
FKP 0.857377
GBP 0.856783
GEL 3.125787
GGP 0.857377
GHS 17.463578
GIP 0.857377
GMD 82.126176
GNF 9872.20241
GTQ 8.784513
GYD 238.628271
HKD 8.850364
HNL 29.432779
HRK 7.562762
HTG 148.937533
HUF 407.150356
IDR 19167.242344
ILS 4.133698
IMP 0.857377
INR 97.393009
IQD 1494.23277
IRR 48020.763476
ISK 145.830715
JEP 0.857377
JMD 180.509002
JOD 0.808829
JPY 163.88088
KES 147.716659
KGS 99.749031
KHR 4580.793381
KMF 493.329269
KPW 1026.535763
KRW 1640.656613
KWD 0.34989
KYD 0.950467
KZT 587.314868
LAK 24666.247464
LBP 102056.350249
LKR 341.767381
LRD 228.12011
LSL 21.301416
LTL 3.368001
LVL 0.68996
LYD 6.233619
MAD 10.556628
MDL 19.686307
MGA 5147.122891
MKD 61.712769
MMK 2394.758567
MNT 4046.626623
MOP 9.112952
MRU 45.146793
MUR 51.705448
MVR 17.577628
MWK 1977.788233
MXN 22.246332
MYR 4.989185
MZN 73.001078
NAD 21.307505
NGN 1834.963897
NIO 41.97402
NOK 11.905276
NPR 155.781235
NZD 1.911894
OMR 0.438634
PAB 1.140601
PEN 4.185567
PGK 4.62304
PHP 64.098067
PKR 320.462028
PLN 4.287935
PYG 9123.518833
QAR 4.153098
RON 4.998954
RSD 117.985019
RUB 93.836944
RWF 1615.140155
SAR 4.278454
SBD 9.529227
SCR 16.196656
SDG 684.955932
SEK 11.046035
SGD 1.498914
SHP 0.896361
SLE 25.896613
SLL 23918.541841
SOS 651.877481
SRD 42.067829
STD 23608.856107
SVC 9.979225
SYP 14830.325119
SZL 21.307496
THB 38.223123
TJS 12.067511
TMT 4.003631
TND 3.417388
TOP 2.671487
TRY 43.825281
TTD 7.747968
TWD 37.128876
TZS 3068.310422
UAH 47.700133
UGX 4181.110623
USD 1.140636
UYU 47.616671
UZS 14771.232728
VES 95.028551
VND 29681.051932
VUV 138.467195
WST 3.173044
XAF 658.85127
XAG 0.034473
XAU 0.000344
XCD 3.082625
XDR 0.820068
XOF 656.439948
XPF 119.331742
YER 279.573907
ZAR 21.316822
ZMK 10267.094176
ZMW 31.850638
ZWL 367.284231
  • AEX

    0.8700

    872.84

    +0.1%

  • BEL20

    15.8700

    4306.05

    +0.37%

  • PX1

    33.7600

    7536.26

    +0.45%

  • ISEQ

    19.2500

    10151.16

    +0.19%

  • OSEBX

    4.2100

    1456.43

    +0.29%

  • PSI20

    63.9700

    6942.73

    +0.93%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    20.5400

    2723.43

    +0.76%

  • N150

    23.9500

    3349.93

    +0.72%

Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique
Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique / Photo: Ivan SAMOILOV - AFP

Guerre en Ukraine : à Poltava, les naufragées du système psychiatrique

La nuit, quand les drones et les missiles russes percent le ciel et que la défense antiaérienne ukrainienne se met à tonner, Olga Klimova dort profondément, loin de chez elle, dans la chambre bondée d'un hôpital psychiatrique.

Taille du texte:

"Je prends les médicaments, je dors, je n'entends rien", s’amuse cette femme édentée au rire lumineux.

Internée à Poltava, dans le centre de l'Ukraine, Mme Klimova, 44 ans, souffre de schizophrénie, une pathologie aux symptômes très variables qui cause fréquemment des troubles du sommeil.

Dans ses rêves, quand elle dort, Olga Klimova dit voir son village de Kysselivka, dans la région de Kherson (sud), d'où elle a été évacuée après le début, il y a trois ans, de l'invasion russe.

Elle affirme n'avoir "aucune nouvelle" de ses proches restés là-bas, comme "sa vieille tante", et attend "la fin de la guerre" pour les retrouver.

- Saturation -

Selon des médecins interrogés par l'AFP, la guerre a entraîné l'évacuation de milliers de patients d'hôpitaux psychiatriques ukrainiens. Ils font partie des 4,6 millions de déplacés internes recensés par Kiev.

Parallèlement, la brutalité inouïe du conflit déclenche de nouveaux troubles psychiques, chez les militaires et civils : stress post-traumatique, dépressions, tendances suicidaires et autres maladies.

D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 9,6 millions d'Ukrainiens sont à risque ou vivent avec un problème de santé mentale, soit près d'un quart de la population d'avant-guerre.

Le système psychiatrique public, déjà vétuste et sous-financé avant 2022, se retrouve engorgé.

A Poltava, le psychiatre Oles Telioukov, 56 ans, confirme avoir "davantage de travail" et sait qu'il en aura "encore plus" quand le conflit se terminera.

Mi-mars, son unité pour femmes prévue pour 40 patientes en comptait 47. Les hospitalisations y durent généralement quelques semaines pour traiter "les crises aiguës".

La plupart des malades sont ensuite redirigées vers des psychologues et travailleurs sociaux. Seules quelques naufragées restent longtemps.

- Rechutes -

Environ 10% des 712 patients de l'hôpital psychiatrique de Poltava étaient, mi-mars, des déplacés, principalement des régions dévastées de Kherson, Donetsk, Lougansk et Kharkiv.

Parmi eux, il y a des évacués de Kherson, une ville bombardée constamment par la Russie depuis sa libération par l'armée ukrainienne en novembre 2022.

Ces violences, selon M. Telioukov, peuvent exacerber des maladies mentales existantes. La ruine causée par l'invasion entrave aussi l'accès aux traitements, souvent onéreux et importés, pour stabiliser les pathologies et éviter les rechutes.

Atteinte de schizophrénie, Olga Beketova, 49 ans, raconte avoir été victime des grandes pénuries du début de la guerre. Pendant plusieurs semaines, elle n'a plus eu de médicaments.

En mai 2022, elle a fait une crise à son domicile et a été hospitalisée à Kherson, puis évacuée à Poltava. Le regard figé, Mme Beketova raconte lentement avoir eu en 2024 un AVC qu'elle attribue "à toute cette angoisse".

- "Petites flammes" –

Le médecin français Christian Carrer est le fondateur de l'organisation humanitaire AICM, qui aide 257 établissements médicaux ukrainiens, dont 15 hôpitaux psychiatriques.

En mars, son ONG a livré à celui de Poltava des vivres, du matériel et des traitements pour "l'épilepsie, les crises générales et de schizophrénie" et pour restaurer "les cycles du sommeil et des repas".

Faute de moyens, observe Christian Carrer, des psychiatres ukrainiens "endorment" leurs patients avec des sédatifs inappropriés. "Là, on a livré des produits qui diminuent les effets de la schizophrénie, ou de toute tendance dangereuse, mais sans abrutir", explique-t-il.

L'Ukraine a entamé en 2017 une modernisation de son système de santé. Interrompue par la guerre, cette réforme n'a pas atteint les hôpitaux psychiatriques, toujours organisés à la soviétique, en grandes chambrées de dizaines de patients, témoigne M. Carrer.

Beaucoup de malades - adultes comme enfants - y passent leurs journées allongés, sans activité. Christian Carrer les appelle "les petites flammes" : "Des gens qui sont là sans être là."

- "Déstigmatiser" -

Dans son bureau, le docteur Telioukov évoque deux militaires qu'il a soignées : l'une traumatisée par un bombardement à Poltava en septembre 2024 (59 morts), l'autre par six mois de détention dans une prison russe.

Il pense que cette dernière a subi des violences sexuelles, comme de nombreux prisonniers ukrainiens. Cependant, "elle ne s'est pas confiée entièrement".

Le médecin montre les salles dont il a la charge. Elles ne portent pas de numéros, comme souvent, mais des noms de couleurs.

"C'est pour dé-sti-gma-ti-ser, se débarrasser de la bureaucratie !", lance l'énergique psychiatre.

Dans la salle "Rose", on cherche Olga Klimova pour lui dire au revoir. On la retrouve alitée, au fond à gauche, entourée d'une dizaine de patientes. Quand elle aperçoit l'équipe de l'AFP, elle lève la main et fait un grand sourire.

S.Suzuki--JT