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Il fait 27 degrés Celsius à Nairobi lorsque les "Lions de la Glace", félin et crosse détonant sur leur maillot vert, rouge, et noir, se lancent dans des tours triomphants de la seule patinoire d'Afrique de l'Est.
Cette improbable équipe nationale kényane de hockey sur glace célèbre son premier titre d'une ligue amicale face à des joueurs amateurs issus de contrées plus froide.
Une victoire qui suit de près un autre triomphe du groupe, qui a rejoint l'année dernière la fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), dans un "pas énorme", selon son capitaine, vers son objectif: les Jeux olympiques.
"Cela nous montre que nous faisons ce qu'il faut et que nous arriverons là où nous voulons aller", déclare à l'AFP Benjamin Mburu, 30 ans.
Le hockey sur glace existe depuis 2006 au Kenya, lorsqu'un groupe d'expatriés canadiens a doté d'équipements la seule patinoire de la région, nichée au deuxième étage d'un hôtel cossu de la capitale d'un pays plus connu pour ses marathoniens.
La plupart des joueurs ont appris le sport perchés sur des rollers, mais ils évoluent vite, selon Tim Colby, leur coach canadien de 61 ans.
Comparé à ses compatriotes, "ils ne prennent rien pour acquis", souligne-t-il fièrement. "C'est une vraie équipe, une équipe solide. Ce n'est pas juste un feu de paille", ajoute-t-il.
Le capitaine concède, sourire en coin, avoir dû "s'habituer" à l'air refroidi par la glace sur laquelle il glisse, tire, et dribble des adversaires américains et canadiens.
Sans regret.
"C'est addictif. Quand on est sur la glace, c'est comme si on était dans un monde complètement différent", déclare-t-il.
- Défis -
Malgré sa popularité croissante, la pratique du hockey sur glace sous l'équateur, n'est pas sans défis. Le premier étant qu'elle est énergivore.
L'équipe nationale ne peut se permettre plus de deux entraînements sur glace par semaine, coûtant chacun l'équivalent de 90 euros et pratique, le reste du temps, sur rollers ou sur gazon.
La seule arène de la région a une surface d'un quart de la taille d'une patinoire olympique, tandis que jusqu'à l'arrivée de sponsors et de dons, les joueurs devaient se partager les équipements.
Les dons payent aujourd'hui la participation aux rencontres de l'équipe, qui espère trouver les financements pour participer à la première compétition inter-africaine de hockey sur glace prévue en juin en Afrique du Sud.
Mais ni les sportifs, ni leur entraîneur, ne sont payés, souligne le capitaine, qui gagne sa vie en tant qu'architecte.
"Le temps de glace coûte assez cher ici. C'est notre principal défi", explique Carol Joseph, 28 ans, actuellement la seule joueuse de l'équipe.
Dans un sport de contact, ce n'était pas sans difficulté, observe-t-elle.
"Mais l'équipe est très solidaire (...) Et tu continues et tu n'abandonnes jamais", ajoute-t-elle, espérant en inspirer d'autres, pour former une équipe féminine.
- "Sur la carte" -
En outre, l'entrée à la patinoire - à environ dix euros - est pour beaucoup inaccessible.
Certains "Lions de la Glace" se rendent alors régulièrement sur un parking du quartier d'affaires de Nairobi, où ils entraînent les plus jeunes.
Par un dimanche ensoleillé deux jours après la victoire kényane, ils sont une dizaine à s'affronter chaussés de rollers, crosse à la main, sous le regard de curieux.
Certains seront ensuite amenés sur la patinoire, et ont même participé à la ligue amicale.
"On peut voir la faim de réussite" chez les enfants, souligne M. Mburu, lui-même repéré sur ce parking.
"Dans quelques années, je suis convaincu que le Kenya sera sur la carte internationale."
K.Hashimoto--JT