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Vingt ans après ses premiers Mondiaux et six ans après ses derniers, Lindsey Vonn retrouve à partir de jeudi les Championnats du monde de ski alpin, sans "rien à prouver à personne" mais avec l'envie de montrer qu'elle peut encore gagner.
Le 10 février 2019, lors des Mondiaux à Are en Suède, Lindsey Vonn faisait à 34 ans ses adieux émouvants au monde du ski avec une médaille de bronze presque inespérée en descente, son huitième podium mondial.
A l'époque, le monde du ski saluait "l'incroyable championne" au palmarès unique (championne olympique en 2010, double championne du monde en 2009, 82 victoires en Coupe du monde, quadruple vainqueur du gros globe) et à l'immense résilience face aux blessures.
Quasiment six ans jour pour jour plus tard, Lindsey Vonn fait son retour aux Championnats du monde, cette fois à Saalbach en Autriche, à 40 ans et avec l'envie de montrer à tout le monde - surtout à ceux qui ont insinué à l'annonce de son retour qu'elle était inconsciente - que son talent est éternel.
"Ces commentaires, je ne les méritais pas, a d'ailleurs affirmé Vonn lundi. Personne n'a dit à Marcel (Hirscher, qui a lui aussi tenté mais sans succès un retour sur le circuit mondial, NDLR) qu'il devrait aller voir un psy. On n'a dit ça qu'à moi, je trouve ça complètement tordu."
- "Je vais vite" -
"Je n'ai rien à prouver à personne", a assuré la "Queen Speed", de retour sur le circuit mondial depuis décembre après s'être fait poser une prothèse en titane au genou qui lui a permis de reprendre le ski sans douleur.
"La plupart des filles ont la pression, il y a des attentes... Moi, il n'y a rien de tout ça, a-t-elle affirmé en conférence de presse. Je suis là parce que j'aime skier, tout simplement."
Mais à la voir dévaler les pistes depuis un mois et demi, avec le même engagement qu'il y a vingt ans et avec quelques résultats déjà probants (notamment un 4e place en descente à Sankt Anton en Autriche), et à l'entendre répondre à la grosse centaine de journalistes venus l'interroger lundi, difficile à croire que Lindsey Vonn n'est là que pour la beauté du geste.
"L'amour du ski, comme elle dit... D'accord", sourit la jeune Française Karen Clément, quinze ans de moins que Vonn et fan depuis toujours de l'Américaine. "Moi, je pense que quand on a une carrière aussi immense, si on revient, c'est parce qu'on sait pertinemment qu'on peut jouer devant", assure Clément.
Vonn l'admet: si elle n'avait initialement pas prévu de participer aux Mondiaux, ou alors seulement en tant qu'ouvreuse ou consultante, un constat l'a fait changer d'avis.
"Je vais vite", assure-t-elle alors qu'elle prendra le départ jeudi du super-G et samedi de la descente, avant le combiné par équipe lundi.
"Je pense que je peux me battre pour une médaille et, franchement, c'est la seule chose qui compte sur un Championnat du monde", a ajouté la skieuse, 20e de l'entraînement mardi qu'elle a géré avec prudence.
- "Inimitable" -
"Je veux tenter ma chance de réaliser quelque chose d'incroyable, de briser de nouvelles barrières (...) Je n'ai pas perdu mon talent et je sais ce que ça implique de gagner, ça va venir", a assuré la skieuse, dont l'objectif ultime reste les JO-2026, avant de raccrocher les skis une bonne fois pour toutes.
Si Vonn voit donc sa participation aux Mondiaux comme "la cerise sur le gâteau" de sa saison pré-olympique, son nom est bien sur toutes les lèvres dans les ruelles de Saalbach, y compris celles des jeunes athlètes qui la découvrent "en vrai".
"D'habitude, je n'aime pas regarder les filles qui partent avant moi mais quand c'est Vonn, je regarde tout, raconte Karen Clément. Elle est faite pour faire du ski. Il n'y a qu'elle qui skie avec cette silhouette, cette allure... Elle est inimitable en fait."
"Moi, j'étais amoureuse d'elle quand j'étais petite, plaisante aussi Camille Cerutti, qui vit à Saalbach ces premiers Mondiaux. La première fois qu'on l'a vue cet hiver, on la prenait en photo de dos pour prouver qu'elle était là. Pour nous c'était émouvant, on se dit: +ok, t'es arrivée à un niveau pas dégueu, tu cours avec Lindsey+".
H.Hayashi--JT